Test SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art en photographie infrarouge | Partie 1
Performances à 695nm
La pratique de la photographie infrarouge est semée d’embûches : au-delà de maîtriser un ensemble de connaissances physiques théoriques, il convient de disposer d’un matériel dédié et compatible avec cette technique. Si je m’étais déjà penché sur mon équipement idéal dans un précédent article, ma curiosité m’a poussé à tester la compatibilité d’objectifs plus récents, ayant déjà bonne presse en photographie classique.
Chaque test est divisé en deux parties par souci de lisibilité : une première partie évaluant les performances de l’objectif à 695nm et un second à 500nm. Commençons dès à présent avec un objectif grand-angle : le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art !
La seconde partie est à découvrir ICI !
Quelques précisions avant de commencer
L’objectif SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art a été loué chez Pix Location, société française de location de matériel photographique. C’est la première fois que je prends en main un objectif SIGMA de la gamme Art, et je ne touche aucune commission pour la rédaction de ce test. Celui-ci a pour unique but d’informer les passionnés de photographie infrarouge de la compatibilité d’objectifs avant leur achat.
Les performances du SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art seront directement comparées à celles du zoom CANON 16-35 F/4 L IS, mon objectif de référence en photographie infrarouge et mon outil de prédilection pour la réalisation de mes principales séries, comme « Paris Invisible » et « Périg’Or Jaune ».
Il n’est pas question ici de réaliser un test complet du SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art, d’autres l’ont très bien fait avant moi, mais de se concentrer sur ses performances en infrarouge.
Le boitier utilisé pour ce test est un CANON RP modifié full-spectrum, auquel s’ajoute dans cette première partie le filtre infrarouge HELIOPAN 695nm.
Les images sont enregistrées en RAW puis éditées dans Ligthroom et Photoshop : le profil d’objectif et la correction des aberrations chromatiques sont activés, les mélangeurs de couches sont réalisés suivant le filtre utilisé. Aucun autre réglage de netteté ou de correction de l’exposition n’est appliqué.
Débuter en photographie infrarouge : le tutoriel de référence
Tutoriel photographie infrarouge de référence pour bien débuter dans cette technique fantastique.
Prise en main et ergonomie
Le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art est ce que j’appelle un objectif sexy : bien proportionné, noir, laqué. Son utilisation est un vrai plaisir. Ses dimensions sont acceptables pour une focale fixe à grande ouverture. Il reste plus compact que le CANON 16-35 F/4 L IS, mais forcément moins polyvalent qu’un zoom.
Hotspot à 695nm
Le hotspot, ou point chaud en français, est le défaut d’objectif le plus couramment observé en photographie infrarouge. Basiquement, il s’agit d’une tache de lumière plus ou moins intense, accentuée par la fermeture du diaphragme et générée par les réflexions internes multiples du rayonnement infrarouge dans l’objectif et à la surface du capteur. Le site de Kolari Vision explique très bien le phénomène en anglais.
La présence de hotspot est accrue par la sélectivité du filtre infrarouge utilisé : le phénomène est davantage observé aux longues longueurs d’onde. L’évaluation de la présence de hotspot s’effectue donc uniquement dans la première partie de notre test, à 695nm. En effet, à 500nm, l’effet d’un hotspot est nettement moins visible.
Des listes d’objectifs atteints ou non par ce phénomène sont régulièrement mises à jour, notamment par Kolari Vision et Edward Noble. Le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art n’étant pas encore référencé, il est temps de le tester.
SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art
CANON 16-35mm F/4 L IS @ 24mm
Le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art souffre d’un hotspot marqué dès F/2.8, qui se traduit par un éclaircissement du centre mais également une dérive de couleur vers des tons plus froids. Face à lui, le Canon 16-35 F/4 L IS se débrouille bien, un hotspot est visible à partir de F/11 sans entrainer de dérive de couleur.
Il apparait également une tache de lumière dans le coin supérieur droit chez le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art, surtout visible à F/16. Nous allons voir dans le prochain paragraphe sa cause.
Fuite de lumière infrarouge interne
Certains objectifs sont munis d’électronique émettant un signal lumineux infrarouge de faible densité. Cela est notamment le cas de la nouvelle gamme d’objectifs RF de CANON, comme l’a étudié Kolari Vision. Afin d’estimer la présence d’un tel phénomène chez le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art, j’ai réalisé une prise de vue de 30s à 25600iso bouchon vissé devant l’objectif, ce dernier étant de plus placé dans un environnement totalement sombre. Voici l’image obtenue :
On note une fuite de lumière très localisée mais très intense au niveau du bord supérieur droit. Si cette fuite n’impacte pas la majeure partie des prises de vue, réalisées avec un temps d’exposition inférieur à la seconde, elle devient problématique pour des temps de pose supérieurs à 1s à 400iso et plus. L’utilisation du SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art en astrophotographie est donc compromise s’il est couplé avec un boitier captant le rayonnement infrarouge.
Piqué et netteté
Le dernière critère évalué dans cette première partie de test est le piqué et la netteté délivrés par le SIGMA 24mm F/1.4 DG HSM Art. En effet, les performances observées en photographie classique sont rarement applicables à l’infrarouge : la conception et les traitements optiques ont été conçus pour focaliser la lumière visible, si bien qu’une baisse de performances est généralement observée en infrarouge, surtout aux plus courtes focales. Voyons ce qu’il en est ici :