Test Canon R5C
La photographie multispectrale a trouvé son vaisseau amiral
Si vous suivez ce blog depuis quelques temps, vous ne serez pas surpris de découvrir ici le nouveau test d’un matériel Canon. Et quel matériel, puisqu’il s’agit du Canon R5C, porte-étendard du savoir-faire de la marque en photo et en vidéo.
En effet, le Canon R5C est le premier appareil photo hybride a disposer de deux modes distincts, séparés au niveau de l’interface et du logiciel, offrant chacun le meilleur des deux mondes, photo comme vidéo.
Les spécifications du Canon R5C en font, sur le papier, le candidat idéal pour la pratique de la photographie multispectrale (infrarouge et ultraviolet). Mais qu’en est-il en pratique ? Pour répondre à cette question, je vous livre ci-dessous le retour d’expérience de mon nouveau Canon R5C tout juste revenu d’un défiltrage full-spectrum chez Kolari Vision.
Quelques précisions sur les conditions de ce test
Le test du Canon R5C qui vous est proposé est centré sur l’expérience utilisateur. Les performances brutes et l’analyse complète des réglages de ce boitier ne sont pas abordées ici : j’ai privilégié l’analyse des performances terrain en conditions réelles de prises de vues photos et vidéos.
De plus, il est ici question d’un boitier particulier, converti pour la photographie multispectrale. Cette spécificité est au cœur de mon expérience utilisateur.
Si vous êtes à la recherche d’un test plus générique, vous pouvez vous diriger vers des sites plus conventionnels.
Aspect général et première impression
Dès l’ouverture de la boîte, il est évident que nous sommes face à un appareil photo hybride unique en son genre : la pléthore de boutons et de molettes, la « bosse » du ventilateur derrière l’écran orientable, le bouton de déclenchement rouge… Ce boitier a de l’allure, et porte en lui pleins de promesses.
Le temps de charger la batterie et d’insérer une carte mémoire (deux, en fait… ) et c’est parti !
Ergonomie et réglage des menus
La prise en main a été le critère décisif qui, 12 ans plus tôt, m’a fait acheter le Canon 400D. Depuis lors, et étant passé par toutes les gammes de la marque, j’ai toujours apprécié l’ergonomie des appareils photos Canon.
Il en est ici de même, malgré le grand nombre de contrôleurs et de menus. C’est bien simple, il m’a fallu 15min pour configurer de A à Z la partie photo de mon Canon R5C, sans avoir recours au manuel d’utilisation (très bien fait, au passage). La partie vidéo a demandé un peu plus de temps, forcément, cet environnement m’étant jusque là inconnu.
Chaque zone de contrôle est logique (gestion de l’AF, de l’exposition, de la balance des blancs…), et la majorité des boutons sont configurables pour y assigner la fonction souhaitée. Cette polyvalence est redoutable dans des contextes de prises de vues où le type de sujet change rapidement, en activant un mode de suivi spécifique ou en activant l’AF en continu.
Au final, l’ergonomie du Canon R5C est une vraie réussite, tant en photo qu’en vidéo. Si vous prenez le temps de configurer ce boitier selon votre pratique, vous ne le prendrez jamais en défaut.
Prises de vues photos : résolution ET réactivité
Gamme RF oblige, le Canon R5C est compatible avec la bague EF-RF avec système de filtres drop-in. Cette particularité vous permet d’utiliser des filtres IR et UV entre le capteur du R5C et l’objectif, à condition que celui-ci soit en monture EF bien entendu. Le Canon R5C part donc avec un sacré avantage lorsqu’il s’agit de pratiquer la photographie multispectrale.
Aux filtres drop-in s’ajoutent maintenant des filtres clip-in, qui viennent se fixer au niveau du boitier, juste devant le capteur, par magnétisme. La combinaison de ces deux types de filtres assurent au Canon R5C une très grande polyvalence en photographie multispectrale.
En pratique, c’est un vrai bonheur de photographier avec le Canon R5C. Venant du Canon 5D mark IV et du Canon RP, les automatismes reviennent très vite, et l’expérience est simplement meilleure : meilleur autofocus, avec un suivi du regard excellent lors de shootings portraits, meilleur viseur, meilleure montée en ISO, meilleure résolution…
J’avais peur que les 45 mégapixels du capteur soient démesurés pour ma pratique : j’avais tort ! Le niveau de détails offert est impressionnant, tout comme le potentiel de recadrage.
Ci-dessous, je vous propose une sélections d’images en infrarouges réalisées dans des serres tropicales. Avec le retour des beaux jours, cet article sera enrichi de nouvelles photos.
La partie photo du Canon R5C répond donc à toutes mes attentes en photographie multispectrale : richesse des détails, très bonne montée en ISO (à voir sur de prochaines images UV), réactivité et polyvalence en font un boitier hybride très performant pour cette utilisation. Qu’en est-il de la partie vidéo ?
Prises de vues vidéos : la révolution MLUT
Il y a quelques mois, je n’y connaissais absolument rien en vidéo : ISO de base, dual-ISO, angle d’obturation… étaient des termes abstraits ou inconnus. C’était sans compter sur la richesse des tutoriels que l’on peut trouver sur Internet, tutoriels m’ayant occupé pendant de la conversion de mon R5C. J’ai ainsi pu prendre en main la partie vidéo de ce boitier avec un solide bagage technique.
L’utilisation du Canon R5C en vidéo demande un peu plus d’équipement pour vous assurer de bénéficier de ses pleines performances : prévoyez donc au minimum une cage pour fixer divers éléments, une poignée, un serre-câbles et une batterie externe, indispensable pour bénéficier de la video RAW 8K à 60 FPS et d’une bonne autonomie.
Ces accessoires ont un coût qu’il faut anticiper lors de votre achat, mais vous offriront un réel confort d’utilisation et d’autonomie.
Vous pouvez ainsi vous construire un set-up dédié à votre projet vidéo, en intégrant une lampe LED UV pour éclairer votre modèle par exemple. Cette modularité a vraiment changé mon regard sur la vidéo, et j’ai été agréablement surpris par la facilité de mise en œuvre lors des premiers projets vidéo professionnels que j’ai réalisés avec le Canon R5C .
Mais la vraie révolution du R5C se trouve ailleurs, avec la prise en charge en interne des MLUTs.
Une LUT est une table de correspondances modifiant le rendu colorimétrique des vidéos. En simplifiant, une LUT est un profil de couleurs appliquant aux images un ensemble de réglages. La version MLUT (M pour « monitor ») peut être lue directement par la caméra compatible pour appliquer ces réglages dès la prise de vue.
L’intérêt en vidéo infrarouge est alors de créer des MLUTs intégrant un mélangeur de couches RVB, pour obtenir le rendu final dès la captation : ciel bleu, végétation blanche / jaune / rouge. Imaginez voir le rendu final de vos séquences en infrarouge dans l’écran du R5C : c’est une sacrée expérience. D’autant qu’il est possible d’effectuer des captures d’écran en mode vidéo : les fichiers JPEG, jusqu’à une résolution 8K, n’ont plus besoin de passer par Photoshop ! Voyez les images ci-dessous, obtenues dès la prise de vue sans post-production supplémentaire :
Une autre claque reçue lors de l’utilisation du R5C en mode vidéo : la qualité des captures d’images issues du flux vidéo ! Lors d’un atelier portrait UV en intérieur avec des contraintes d’éclairage particulières, j’ai découvert après coup le rendu incroyable de portraits réalisés à 25600iso, sans autre retouche de netteté ou de réduction de bruit. Jugez par vous-même :
Un tel potentiel m’a amené à créer toute une gamme de MLUTs optimisées pour différents filtres infrarouges et différentes marques de caméras :
Si vous souhaitez en savoir davantage sur les LUTs et les MLUTs, allez faire un tout sur la page dédiée de mon site :
Conclusion du test Canon R5C multispectral
A travers ces premières semaines d’utilisation, il apparait que le Canon R5C est un rêve devenu réalité pour l’imagerie multispectrale : une ergonomie parfaite, des performances de haut vol, une personnalisation très poussée et la prise en charge en interne des MLUTs en font le vrai roi de l’imagerie infrarouge et UV.
Ce roi a un prix, bien entendu, et demande du temps pour être configuré au mieux de vos attentes, mais une fois ces deux barrières levées, croyez-moi ce n’est que du bonheur.
Vous souhaitez aller plus loin que ce test d’objectif infrarouge et découvrir en ma compagnie tout le potentiel créatif de cette technique fascinante ?
Découvrez le programme de mon initiation individuelle à la photographie infrarouge.
Cette formation tout-équipé s’adresse aux photographes de tous niveaux, tout au long de l’année !
J’ai conçu un pack de LUTs dédiées au traitement photo et vidéo infrarouge. Ces LUTs sont optimisées pour fonctionner avec Ligthroom Classic et gèrent la balance des blancs, le mélangeur de canaux RVB et les réglages précis avec ce logiciel.
Ils fonctionnent également avec d’autres logiciels photo et vidéo.
Vous souhaitez utiliser certaines des photographies de cet article à des fins d’illustration ou d’exploitation commerciale ? Je vous invite à me contacter directement en me présentant vos besoins et le type d’illustration concerné. Je me ferai un plaisir de revenir vers vous dans les plus brefs délais avec une offre commerciale adaptée.
Pierre-Louis Ferrer
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